Chapître VII - Le Meurtre des deux Arbres

Dès que les Valars surent la direction que Melkor avait prit, il leur parut évident que l'ennemi cherchait à regagner son ancienne forteresse, mais avant même que la chasse lui fût donnée, Melkor avait fait demi tour. C'était tout de même un Valar.
Toujours invisible, il atteignit les Noires Planètes d'Arathar et c'est là que secrètement, Ungoliant avait fait sa demeure.
Personnes ne savait d'où elle venait, mais certains disaient qu'elle était descendue jadis des ténèbres extérieures à l'Univers, quand Melkor avait jeté son premier regard d'envie sur les systèmes solaires, et qu'elle fut la première créature corrompue par Melkor.
Puis elle avait répudié son maitre, voulant rester libre de suivre ses propres désirs.
Depuis, elle se cachait à la lisière du Royaume Bienheureux, car elle avait soif de lumière tout en la haïssant. Quand il fut en Avathar, immence Chevalier Noir, Melkor alla la retrouver. Et là, à l'ombre de la nuit, à l'abri des regards , il dressa les plans de sa vengeance.
Quand Ungoliant eut compris les intentions de Melkor, elle fut prise entre le désir et la peur. Alors Melkor lui parla :
« Fais ce que je te dis et, si ta faim n'est pas apaisée lorsque tout sera fini, c’est moi qui te donnerai ce que tu désires, quoi que ce puisse être. »
Melkor et Ungoliant sous sa forme d'araignée, s'avancèrent, enveloppés du manteau de nuit qu'elle avait tissé autour d'eux, un vide qu'aucun regard ne pouvait transpercer.
Melkor regarda vers l'Ouest et vit la constellation étincelante et les coupoles d'argent des Valars, qui brillaient sous les lumières mêlées des arbres de Telperion et de Laurelin.
Alors il rit de son grand rire et s'élança vers l'ouest, Ungoliant derrière lui qui les protégeait de sa nuit.
C'était une époque de fête, Melkor et Ungoliant se hâtaient à travers les système solaires comme l'ombre d'un nuage noir.
Alors la Lumière Noire d'Ungoliant s'étendit jusqu'à noyer l'atmosphère des planètes et Melkor s'élança sur les deux arbres, d'un coup de sa lance de ténèbres, il blessa chaque arbre jusqu'au coeur d'une plaie béante et la sève se mit à couler comme du sang .
Ungoliant alors aspira la sève et vint coller son bec noir sur les blessures jusqu'à ce qu'elles fussent exsangues et dessécha les racines, les branches et les feuilles et ils moururent.
Ungoliant avait encore soif et se jeta sur les Citernes de Lumière pour les assécher, à mesure qu'elle buvait, son corps exhalait des vapeurs noirâtres et s'enflait d'une manière si monstrueuse et gigantesque que Melkor lui même fut pris de peur.
Ainsi les Ténèbres tombèrent sur Valinor. La Lumière disparut, mais les Ténèbres qui s'abattirent étaient plus encore qu'un manque de lumière.
Cette heure vit naître une Nuit qui n'était pas une absence mais une chose en soi et, en vérité, c'était le mal qui l'avait créée à partir de la lumière.
De son trône Manwë jeta son regard qui seul pouvait percer la nuit jusqu'à ce qu'il voye une ombre plus noire encore que la nuit, énorme mais déjà lointaine, qui courait à toute vitesse vers l'ouest, il sut que Melkor était venu et était reparti.
Alors commença la poursuite.
Mais, dès qu'ils atteignirent le nuage d'Ungoliant, les cavaliers des Valars furent aveuglés, désorientés, ils durent se disperser et se perdre, et on entendit faiblir et s'étendre l'appel de Valaroma.
Il était trop tard.
Melkor était allé où il voulait, et sa vengeance était accomplie.